Sur la route de la Soie, du Kirghizistan à la Chine !
Aucun autre voyage au monde n’a autant fait rêver, que la Route de la soie !
Route mythique par excellence, elle doit cette dénomination de « route de la soie » à Ferdinand Von Richthofen, un géographe allemand du XIXe siècle. Elle désigne un réseau ancien de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe qui reliait la ville de Chang’an (actuelle Xi’an) en Chine à la Turquie. Son nom provient de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication. Mais la soie ne représentait qu’une faible partie du commerce effectué. Les caravanes qui partaient vers l’Orient emportaient de l’or, des pierres et des métaux précieux, des textiles, de l’ivoire et du corail, alors que celles qui allaient en Occident étaient chargées de fourrures, de céramiques, d’épices et d’armes en bronze.

La Route de la Soie n’était pas une seule route, mais un réseau complexe de voies commerciales qui s’étendaient sur plusieurs milliers de kilomètres. Elle reliait l’Asie à l’Europe, la Chine à la Méditerranée, elle traversait des villes légendaires, des déserts arides, des montagnes aux cols enneigés et des oasis salvatrices. Cette route a joué un rôle primordial dans les échanges de biens, de cultures, de religions et d’idées entre l’Orient et l’Occident pendant plus de 1 000 ans.
Le Kirghizistan fut une étape clé du fait de sa situation géographique entre la Chine et les régions d’Asie centrale, notamment l’Ouzbékistan et le Kazakhstan. Ce territoire montagneux était un lieu de passage incontournable pour les caravanes marchandes. Après avoir franchi les monts du Tian Chan et traversée d’importantes régions comme le Xinjiang leur route aboutissaient en Chine, à Xi’an, un carrefour entre l’Extrême Orient et l’Asie centrale.
Les peuples vivant sur la Route de la Soie étaient aussi divers que les cultures qu’ils ont influencées. Au Kirghizistan et en Chine, plusieurs groupes ethniques ont joué un rôle fondamental.

Les Kirghizes qui sont un peuple turcique vivaient principalement dans les montagnes du Tian Shan (les « monts célestes ») ou celle du Pamir. Historiquement, ils étaient des nomades, et leur culture traditionnelle reflète un mode de vie étroitement lié à la nature et aux grands espaces. Leurs échanges avec les marchands de la Route de la Soie ont contribué à la diffusion de technologies, de religions et de coutumes à travers l’Asie centrale.
En Chine, les Han ont été les acteurs principaux du commerce le long de la Route de la Soie. D’autres groupes ethniques comme les Ouïghours du Xinjiang ont joué un rôle majeur dans le commerce et l’intégration des idées entre l’Asie de l’Est et l’Asie centrale.

La Route de la Soie a aussi été un vecteur majeur pour la diffusion des religions.
Le bouddhisme s’est propagé depuis l’Inde vers la Chine, le Kirghizistan et l’Asie centrale. Des monastères bouddhistes ont été établis dans ces régions, avec des échanges intellectuels et artistiques considérables. La ville de Dunhuang en Chine était un centre majeur pour l’enseignement bouddhiste.
L’Islam est également entré en Asie centrale par la Route de la Soie, particulièrement au Kirghizistan. Les caravaniers et commerçants musulmans ont contribué à la diffusion de cette religion, influençant profondément les cultures locales.
Bien que plus limité, le christianisme nestorien a également été diffusé à travers cette voie, notamment en Asie centrale et en Chine.

Elle a aussi permis des échanges de traditions, que ce soit dans la cuisine, la musique, l’artisanat… Des influences culinaires entre les cultures ont donné naissance à des plats qui ont « fusionné ». Par exemple, le thé, originaire de Chine, est devenu populaire dans tout l’Asie centrale, tandis que des épices comme le safran, le cumin et la cardamome se sont propagées de l’Inde vers la Chine. Les tissus, notamment la soie, ont circulé largement, influençant l’artisanat dans toutes les régions traversées. Les techniques de tissage, de fabrication de tapis et de poterie ont été partagées entre les peuples de la Route de la Soie.
Les marchands, les voyageurs, et les diplomates ont également contribué à l’histoire des échanges culturels le long de la route. Les explorateurs ont ouvert la voie, ils ont souvent joué le rôle de précurseurs dans l’histoire de la Route de la Soie.
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Le voyage de Marco Polo au XIIIe siècle est sans doute l’un des plus célèbres. Son récit, « Le Livre des Merveilles » (appelé également “La description du monde“), a fasciné des générations d’Occidentaux. Ses descriptions (parfois fantasmées) qu’il fait de la Chine avec ses dynasties fastueuses, ses technologies avancées et ses richesses faramineuses ont fait rêver et créé des vocations chez de nombreux voyageurs.
Cependant, les premiers explorateurs furent chinois – comme l’envoyé impérial Zhang Qian – ils ont été les pionniers dans l’ouverture de ces routes vers l’Ouest. En effet, environ 12 siècles avant Marco Polo, Zhang Qian (fort mal connu en Occident), fut un explorateur et diplomate au service de la dynastie Han, il a ouvert des relations avec les régions occidentales. Il a joué un rôle clé en introduisant le commerce de la soie vers l’ouest et en établissant des routes terrestres vers les régions de l’Asie centrale. Il est souvent considéré comme l’un des pionniers des routes commerciales qui deviendront plus tard la Route de la Soie.
À partir du Moyen Âge, plusieurs facteurs, dont les invasions mongoles, les changements politiques et les développements maritimes, ont conduit au déclin de la Route de la Soie terrestre. Son héritage perdure toutefois dans les échanges culturels, les monuments, et la mémoire collective des peuples d’Asie centrale et de Chine.
Aujourd’hui, des initiatives comme le « One Belt, One Road », un projet de la République Populaire de Chine vise à rétablir certains aspects de la Route de la Soie sous forme d’infrastructures modernes, promouvant les échanges commerciaux.
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Aujourd’hui, elle reste un voyage fabuleux dans le temps et l’espace que tout voyageur digne de ce nom rêve d’effectuer !
A vous de vous lancer sur cette route fabuleuse, de Bichkek à Shanghai ; en passant par Kashgar et son grand bazar où se côtoient plusieurs minorités (Kirghizes, Tadjiks, Ouzbeks et Ouighours), Turfan la ville oasis, Mogao et ses grottes bouddhiques creusées dans la roche par des moines à partir du IVe siècle, Jiayuguan où se trouve la limite occidentale de la grande muraille, Xiahe située sur les contreforts du plateau tibétain avec son monastère lamaïste, Xi’an et sa célèbre armée enterrée de l’empereur Qin Shi Huang, Suzhou et ses jardins enchanteurs…
Suivez le guide accompagnateur de Planète Découverte pour effectuer ce voyage inoubliable !
“Telle est sans doute la meilleure définition de la route de la Soie, ce chemin initiatique et mercantile : La philosophie du rendez-vous, l’émergence d’un esprit vagabond“. Olivier Weber (« Sur les routes de la Soie »).
Pierre B