Circuit du Tibet au Népal, sur la route de l’Amitié !

Au Tibet avec Planète Découverte.

Lac Yamdrok vu du col de Kambala (4979 m d'altitude)
Lac Yamdrok vu du col de Kambala (4979 m d’altitude)

 

Circuit du Tibet au Népal, sur la route de l’Amitié où j’accompagnais un groupe de Planète Découverte.  

(1ere partie)

 

1ére étape : Où nous découvrons Lhassa.

Potala, Palais du Dalaï-lama à Lhassa
Potala, Palais du Dalaï-lama à Lhassa

Nous sommes arrivés au Tibet par le train le plus haut du monde, après 24 heures de trajet à travers les monts et plateaux de Xining à Lhassa. Avant cela, nous avions traversé la Chine, visité Pékin, la Grande Muraille, l’armée enterrée de Xi’an, les Bouddhas de Bingli Si et j’en passe…

Une des grandes attentes du voyage était ce que nous découvrions ce matin de septembre : Lhassa, la capitale historique du Tibet qui, malgré tous les « outrages » qu’elle a subis et continue de subir, reste toujours aussi magique, à l’image de son imposant Potala.

Pèlerins se prosternant devant le Jokhang
Pèlerins se prosternant devant le Jokhang

Nous nous sommes installés pour quelques jours à Lhassa dans un hôtel plein de charme qui fut d’ailleurs l’ancien Ambassade du Népal. L’hôtel est situé dans le quartier Barhkor à quelques pas du temple du Jokhang (cœur et âme du Tibet) où, malgré les contrôles très sévères, les interdits et les travaux de «rénovation», les tibétains viennent toujours effectuer immuablement le Kora, le pèlerinage rituel tout autour du temple en psalmodiant, en faisant tourner les moulins de prière ou en se prosternant. Ce spectacle est assez étonnant, mais surtout très émouvant.

 

Notre objectif, après ces quelques jours dans la vallée de Lhassa, était de rejoindre le Népal par la route. Pour cela, il nous faut emprunter la « Route de l’Amitié » (ou freindship higway ou Arniko Rajmarg) qui rejoint ces deux villes mythiques que sont Lhassa et Katmandou, distantes de 920 km.  C’est une des routes légendaires de notre planète et une des plus spectaculaires au monde. Elle traverse l’Himalaya en franchissant trois cols à plus de 5 000 m d’altitude (Gyatso La : 5 260 m, Lalung La : 5 050 m, Tong La : 5 150 m), tout cela dans des paysages grandioses! Elle offre, en plus, un itinéraire touristique remarquable du Tibet tant pour son intérêt culturel que pour la beauté des paysages, c’est aussi une route commerciale fort importante.

 

2e étape : Où l’on rencontre  les origines du peuple tibétain.

Majestueux fleuve Yarlung, du Tibet au Népal, sur la route de l'Amitié
Majestueux fleuve Yarlung, du Tibet au Népal, sur la route de l’Amitié

Nous nous sommes lancés sur la route de l’Amitié, grâce à notre minibus et son chauffeur tibétain Norbu. Après quelques kilomètres, nous longeons le majestueux fleuve Yarlung  ཡར་ཀླུངས་གཙང་པོ་« eau de neige » en tibétain, qui prendra ensuite le nom de Brahmapoutre « fils de Brahmâ » en Inde.

La vallée du Yarlung que nous traversons est considérée par les tibétains comme le berceau de leur civilisation et d’après ce que je me suis laissé dire, c’est ici qu’une démone et un grand singe engendrèrent les premiers Tibétains!

 

 

Palais du Yumbulagang
Palais du Yumbulagan

Plus loin, l’ancien Palais Royal des premiers rois du Tibet, le Yumbulagang nous apparut, féérique depuis son promontoire escarpé. C’est ici que les premiers rois du Tibet trouvent leur origine qui remonterait au IIe siècle av. J.-C. De palais, il devient un monastère dédié au Bouddha Sâkyamuni, le fondateur du Bouddhisme sous le règne du Vème Dalaï-Lama. Aujourd’hui encore, il domine la vallée depuis son piton rocheux et servirait même comme lieu d’observation pour l’armée chinoise pour surveiller la vallée.

 

 

Monastère de Samye
Monastère de Samye

 

 

Nous sommes ensuite allés à   Samye, premier monastère du Tibet datant du VIIIe siècle, qui a pour originalité d’être construit dans 3 styles d’architecture différents, 1erétage en style indien, le second en style Han (Chinois) et le 3éme en style tibétain, le tout formant et symbolisant le Mont Meru (le centre de l’univers pour les Bouddhistes et les Hindouistes!).

 

 

 

 

3éme étape : Où l’on tente la conquête de notre premier 5000, en minibus, mais tout de même !

Mais avant le 5000, il y a le col de Kambala (4797m d’alt.) avec une vue époustouflante (surtout par cette altitude!) et hallucinante (mais pas lié seulement aux effets l’altitude!) sur le lac Yamdrok- tso  ཡར་འབྲོག་གཡུ་མཚོ. Le lac nous apparait comme un mirage après une longue montée sur une route très raide avec de nombreux lacets à travers les paysages de haute montagne à la fois aride et grandiose.

Lac Yamdrok
Lac Yamdrok

Le Yamdrok-Tso est un des 3 grands lacs sacrés du Tibet, né de la transformation d’une déesse en eau douce, mais aussi de la neige qui ruisselle des hauts sommets himalayens. Après ce moment d’émerveillement, nous redescendons vers le lac qui, par beau temps (et il faisait beau ce jour-là), prend une couleur turquoise. Il mesure 72 km de long et se trouve à 4488 m d’altitude avec pour horizon les pics enneigés de l’Himalaya! Petit arrêt pour « toucher » le lac et se tremper les pieds dans ses eaux magiques, qui ne sont curieusement pas si froides que ça!  On pourrait presque se baigner si l’on ne craignait pas la colère des dieux et déesses qui n’aiment pas que les mortels s’y baignent!

Nous poursuivons donc notre route, le long de ce superbe lac de haute altitude. Quand tout à coup, pour éviter une voiture qui arrivait en face et du même côté de la route que nous, le chauffeur donne un coup de volant et ne peut éviter un des gros trous que l’on trouve sur ces routes tibétaines qui résistent aux efforts des ponts des chaussées chinois pour aplanir les routes (au Tibet chacun résiste à sa façon !). Résultat de ce petit coup de volant, le radiateur est percé! Nous nous retrouvons sur le bord de la route, avec un minibus qui fuit lamentablement! La mécanique nous trahit alors nous employons la technologie moderne pour nous sortir de là! Le guide prend son téléphone portable et appelle un autre chauffeur qui va venir avec un autre minibus, mais dans plusieurs heures! Nous décidons de faire du stop pour le prochain bourg afin d’y attendre le nouveau bus dans une auberge ou un restaurant.

Lac Yamdrok, sur la route de l'Amitié
Lac Yamdrok, sur la route de l’Amitié

Nous attendons une vingtaine de minutes (après avoir essuyé les refus et le mépris de gros 4×4 chinois et de bus de touristes) quand une grosse voiture conduite par 2 Tibétains s’arrête. Après leur avoir fait comprendre notre situation, ils descendent leur chargement sur le bord de la route qu’un des 2 restera garder et nous embarquons à 12 à bord de cette voiture conçue pour 7 personnes…!

Le tibétain qui nous conduit est un homme souriant et jovial qui a l’air de s’amuser beaucoup à l’idée de transporter 11 Occidentaux entassés dans sa voiture. Tout le long du trajet (3/4 heure), il me raconta quelques histoires avec beaucoup de gestes, auxquelles je ne comprenais pas tout (!), mettra de la musique tibétaine, chantera, s’arrêtera de temps en temps pour saluer des gens ou pour montrer à ses amis son nouveau « chargement »! Nous finissons par arriver dans un gros village tibétain aux confins du lac nommé Nagacarze. Après avoir remercié chaleureusement notre hôte qui repartira en sens inverse chercher son collègue et son chargement laissé au bord de la route, nous nous installons dans un restaurant sympathique pour goûter les spécialités locales et attendre notre nouveau minibus. Le minibus finira par arriver, nous devrons tout de même passer la nuit-là dans un hôtel qui s’avéra très correct, car la police (chinoise) refuse que nous partions avant le lendemain pour des raisons que j’ignore toujours !

De cette journée, en plus de l’éblouissant lac Yamdrok, la rencontre avec ce généreux et sympathique chauffeur, je garde le souvenir d’un coucher de soleil hallucinant sur les montagnes qui culminent à plus de 7000 mètres depuis le village de Nagcarze. Cet incident malheureux nous a permis, comme souvent d’ailleurs, de vivre des expériences mémorables.

 

4ème étape : Où l’on va vraiment à la conquête de notre premier 5000 m., avec un nouveau minibus !

Col de Karo-La (5039 m d'altitude)
Col de Karo-La (5039 m d’altitude)

Dès l’aube, pour voir un lever de soleil sur l’Himalaya, car on ne s’en lasse pas, et après avoir pris le petit déjeuner, car il faut bien se restaurer, nous prenons la route vers le col de Karo-Là qui culmine à 5010, 5013 ou 5039 mètres d’altitude!? Les avis divergents, en tout cas il est à plus de 5000 mètres !

Nous franchissons (enfin!) le col sous le frais soleil matinal de septembre. On trouve au Tibet aux passages des cols ainsi qu’au sommet des montagnes, aux croisements des chemins, sur les toits des maisons, sur les ponts, sur les temples, bref dans tous les endroits « stratégiques », des petits drapeaux de prière. Sur ces petits morceaux de tissus sont inscrites des formules sacrées que les vents envoient directement vers les dieux.  Ici le spectacle est grandiose!

Un glacier depuis le col de Karo-La
Un glacier depuis le col de Karo-La

De hautes montagnes enneigées, qui culminent à plus de 7000 mètres avec des glaciers qui descendent jusqu’à nos pieds, nous dominent et s’imposent à nous merveilleusement. Autour de nous, des yacks aux longs poils, pèsent nonchalamment et des dogues tibétains, gros molosses impassibles, nous regardent l’air quelque peu ahuri! Mais plus inconcevable pour nous, quelques Tibétains « survivent » ici dans des baraques misérables, ils ont la peau tannée par le soleil, les cheveux hirsutes et portent de longs manteaux en poils de yack râpés. Ils se dégagent de ces Tibétains, malgré le dénuement total dans lequel ils vivent, une impression de grande fierté.

 

 

Drapeaux de prière sur la route de l'Amitié
Drapeaux de prière sur la route de l’Amitié

Nous continuons notre route (car il faut bien continuer! c’est la loi des voyageurs), vers la ville tibétaine de Gyantsé (3 977 mètres d’altitude).

En arrivant à Gyantsé, on aperçoit son dzong (sa forteresse) qui domine la ville, il fut mis à sac pendant la révolution culturelle et reconstruite quelques années après, ainsi va l’histoire et les révolutions! Gyantsé est une des villes du Tibet où « l’influence » chinoise se fait le moins sentir.

 

 

 

 

Dzong (forteresse) de Gyantsé
Dzong (forteresse) de Gyantsé

Ce qu’il faut visiter absolument ici, c’est le monastère bouddhiste appelé Pelkor Chöde et surtout son fameux Kumbum, c’est ce que nous sommes allés faire bien sûr. Le monastère fait partie de l’école des bonnets jaune ou Gélugpa dont les chefs spirituels sont le Dalaï-Lama et le Panchen Lama.  Le Kumbum (qui signifie : 100 000 images), qui est le plus grand chortëm du Tibet, est grandiose et date du XVe siècle, en plus de contenir 77 chapelles réparties sur 6 étages couvertes de fresques fabuleuses qui sont sûrement l’œuvre d’artistes Newar (un peuple népalais). L’influence népalaise est frappante dans les yeux des Bouddhas qui sur les 4 faces en son sommet rappellent ceux de Katmandou.

Kumbum de Gyantsé
Kumbum de Gyantsé, sur la route de l’Amitié

C’est aussi ici qu’eut lieu une grande bataille entre un corps expéditionnaire Britannique et les Tibétains, car les Britanniques envahirent le Tibet en 1903, soit un peu moins de 50 ans avant les Chinois. C’est à cette époque que les Chinois commencèrent à « aider » les Tibétains avec peut-être quelques arrières pensées!? Le Dalaï-Lama (le XIIIe) dut s’enfuir pour trouver refuge en Mongolie puis … en Chine!

On trouve à Gyantsé, outre ce fabuleux Kumbum et de très beaux tapis tibétains typiques, de bons restaurants qui préparent de la succulente cuisine tibéto-népalaise, arrosé d’une «Lhasa beer, the beer from the roof of the world». C’est là que nous allâmes après la visite du monastère, et avant de continuer sur la route de l’amitié, à travers l’Himalaya en direction de Katmandou.

 

Sur la route de l'Amitié
Sur la route de l’Amitié

A suivre …

 

 

 

 

Pierre