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Immersion au Koyasan !

Chemin dans l'Okuno-in !
Chemin dans l’Okuno-in

Le Koyasan

Une excursion au mont Koya est un temps fort de tout voyage au Japon. Découvrir ses temples qui figurent parmi les plus sacrés de l’archipel nippon, vivre l’expérience d’une nuit dans un monastère bouddhiste et s’immerger dans les traditions séculaires de cette montagne sacrée s’avèrent une expérience inoubliable.

Temple Rokkaku Kyuzo
Temple Rokkaku Kyuzo

Le mont Koya se trouve sur l’île d’Honshu, dans la péninsule de Kii, à environ 80 kms au sud d’Osaka ou à 400 kms de Tokyo. Situé au cœur du parc national de Kōya-Ryūjin dans une zone naturelle protégée par le gouvernement japonais, il se dissimule noyé dans la brume sur un plateau couvert d’une épaisse forêt de cèdres, d’érables et de cyprès.

Le mont Koya est entouré de 8 sommets dont la hauteur est comprise entre 900 et plus de 1 000 m d’altitude, ces 8 montagnes formeraient selon la légende une fleur de lotus dont le mont Koya serait le centre ! Le chiffre 8 est synonyme de bon augure et le lotus est la fleur sacrée dans l’Hindouisme et le Bouddhisme.

Moines de l'école Shingon !
Moines de l’école Shingon

Mais si le Koyasan (car il a le droit au suffixe honorifique de « san » comme le mont Fuji) est célèbre au Japon c’est grâce à son ensemble monastique, ses temples et son pèlerinage bouddhiste. C’est le premier lieu sacré de l’école du Bouddhisme ésotérique Shingon. L’école Shingon est un des courants majeurs du bouddhisme japonais et l’une des plus anciennes lignées du bouddhisme tantrique, elle possède aujourd’hui environ 12 millions de fidèles.

Funiculaire pour le mont Koya !
Funiculaire pour le mont Koya

Une excursion au mont Koya se mérite ! Il faut depuis les gares de Kyoto, Nara ou Osaka emprunter un ou deux trains qui sont loin d’être aussi rapide que le Shinkansen puis un funiculaire qui gravit la montagne sacrée et enfin un bus qui nous mène à travers la forêt aux portes du sanctuaire.

Rapidement le charme du lieu opère, même si l’arrivée dans un village avec poste, banque et quelques commerces peut surprendre, l’omniprésence des monastères (il y en aurait 117 !), des temples et de la nature qui l’entoure nous transporte dans une atmosphère fascinante et fort particulière.

Kannon !
Kannon !

La découverte du site débute par l’installation des voyageurs et pèlerins au monastère. Après avoir pris une tasse de thé accompagné d’un petit gâteau sucré aux haricots rouges, un moine nous montre nos chambres, l’endroit où se trouvent les bains, le temple pour la cérémonie du matin et nous précise l’heure du dîner (souvent 17h30 parfois 18h ! c’est tôt, mais les soirées sont calmes au mont Koya).
Puis, une fois l’ambiance installée, on part à la découverte du site… plusieurs endroits sont incontournables au mont Koya.

Commençons par une visite du temple Kongôbu-ji, siège historique de l’école Shingon qui possède en plus d’un superbe jardin Zen (Banryû-tei) des peintures anciennes magnifiques dont quatre d’entre elles décrivent le voyage initiatique et la fondation du Koyasan par Kukaï. En effet, en l’an 804, le jeune Kukaï s’embarque pour la Chine et la capitale de la dynastie Tang, Changan (l’actuelle Xi’an). Il y restera 2 années pour étudier le Bouddhisme ésotérique auprès des plus grands maîtres de l’époque. De retour au Japon, il édifie en 816 un monastère au mont Koya consacré à la méditation et fonde l’école Bouddhiste Shingon. Une école qui prône le renoncement à l’égo et l’acceptation du monde tel qu’il est. À sa mort en 835, il reçoit le nom de Kôbô Daishi (grand maître de diffusion de la loi). Kukaï demeure encore aujourd’hui une des figures religieuses majeures du Japon.

Jizos protecteurs des enfants
Jizos protecteurs des enfants

Mais le temps fort au mont Koya, c’est certainement une promenade dans l’incontournable et émouvant cimetière Okuno-in à l’atmosphère envoutante qui justifie à lui seul un voyage au Japon ! Ce site qui peut se visiter de nuit comme de jour (il faut assurément faire les deux !) est empreint de mystère et de sérénité. Un chemin d’environ 2 Kms traverse une immense nécropole jusqu’au temple des Lanternes et au mausolée de Kobô Daishi où, selon la légende, il serait toujours présent en méditation pour l’éternité dans le but d’aider toutes les créatures à accéder au Nirvana. On avance ainsi entourée dans une forêt de cèdres cryptomerias gigantesques et d’azalées sauvages, au milieu les 200 000 tombes, stupas et statues couverts de mousses. Les sépultures renferment les cendres d’anonymes comme de personnages historiques célèbres (7 Empereurs, shoguns, samouraïs, lettrés…), ainsi que des stèles dédiées aux morts de batailles liées à la Seconde Guerre mondiale (des deux camps) ainsi que des stèles aux noms de grandes entreprises modernes japonaises (Panasonic, Toshiba…). Tous Japonais désirent laisser une trace de sa personne ici, une mèche de cheveux peut suffire.

Pagode/stupa Kompon Daito
Pagode/stupa Kompon Daito

Dans l’enceinte sacrée (Garan) se trouvent d’autres temples magnifiques, comme la pagode/stupa Kompon Daito, à la surprenante couleur vermillon, avec à l’intérieur la statue du Bouddha Amida entouré de Boddhisattvas ; l’harmonieux petit temple Fudô-dô qui date du XIIe siècle ; l’authentique pagode Saïto en bois brut entourée de cèdres…

Cuisine Shôjin-ryôri
Cuisine Shôjin-ryôri

Au mont Koya, il faut aussi goûter la gastronomie locale ! Depuis le XIIe siècle, cette cuisine végétarienne très élaborée s’est développée, devenant un art culinaire adapté à la méditation des moines. Elle porte un nom : Shôjin-ryôri. On se rend vers 17h30 (parfois 18h en insistant !) pour prendre le diner dans une belle salle décorée de fresques. Sur des tatamis sont disposées de petites tables élégantes où l’on a arrangé de petits plateaux laqués avec de multiples bols qui rivalisent d’esthétique et d’harmonie. Cette cuisine se compose de champignons, d’herbes et de plantes sauvages locales, de légumes de saison en tempura ou grillés, de soupe miso, de tofu de sésame, de riz… (l’oignon et l’ail sont interdits, car néfastes à la méditation !). Le tout accompagné de thé vert, saké ou de bière.
Puis, après un délassant bain japonais et une balade nocturne, on retrouve sa magnifique chambre où nous attend le futon et sa couette. À l’aube, vers 6h30, c’est l’occasion de se rendre dans le petit temple du monastère pour participer à la prière du matin, au son du tambour taiko et les récitations des sutras.
Puis il faudra, ressourcer, quitter le mont Koya et regagner l’agitation des villes, le contraste est fascinant…

Monastère du mont Koya
Monastère du mont Koya

Planète Découverte vous amène au mont Koya pour vivre pleinement cette expérience mémorable.

Pierre

« Le Bonheur n’est pas au bout du Chemin, Le Bonheur est le Chemin » Proverbe zen.

Sur les traces de Gengis Khan.
Yourtes au Kirghizistan
Yourtes au Kirghizistan

Sur les traces de Gengis Khan.                                                                                  

Gengis Khan
Gengis Khan

Planète Découverte vous propose des voyages en Asie centrale dans les steppes de Mongolie au départ de Pékin jusqu’au mythique Lac Baïkal ou de Bichkek au Kirghizistan jusqu’à la Grande Muraille, sur la Route de la Soie

Aller à la découverte de l’Asie centrale et de ses paysages grandioses, c’est aussi aller à la rencontre de ses peuples toujours imprégnés de l’esprit nomade. Des peuples qui se revendiquent encore de la descendance du légendaire Gengis Khan !

L’histoire de Gengis Khan (ᠴᠢᠩᠭᠢᠰ ᠬᠠᠭᠠᠨ, littéralement « souverain universel ») est celle d’un nomade devenu empereur qui réussit à unifier les peuples de l’immense steppe mongole.

Il naquit dans la vallée de l’Onon au Nord de la Mongolie actuelle en 1162 (selon les sources mongoles) et mourut en 1227 en Chine pendant qu’il livrait bataille aux Tangut (un peuple d’origine tibétaine). À sa mort, son empire s’étend de la Mongolie à une grande partie de la Chine et de l’Asie Centrale. Ses successeurs continueront d’agrandir son empire des rives du Japon au Danube afin d’en faire le plus vaste empire de tous les temps.
Sa vie telle qu’on la connait aujourd’hui et un mélange de réalités et de légendes !

Le loup bleu de Yasuhi Inoue.
Le loup bleu de Yasuhi Inoue.

Selon « l’Histoire secrète des Mongols » (la première œuvre littéraire de la culture mongole), on lui attribue des ancêtres mythiques : Gengis Khan serait le descendant d’un loup bleu et d’une biche fauve.

Sur son enfance et sa vie avant qu’il devienne un personnage historique, on ne connait que peu de choses. On sait cependant qu’il est né dans une tribu de nomades non loin de l’actuelle capitale de la Mongolie Oulan-Bator. Il est issu d’une famille noble, son père Yesügei était le chef du clan des Qiyat de la tribu Bordjigin, sa mère Hö’elün, issue de la tribu Merkit. Il reçoit à sa naissance le nom de Temüjin, « le plus fin acier ». Il serait né en tenant un caillot de sang dans son poing ce qui, dans la tradition mongole, indique que l’enfant est destiné à devenir un grand guerrier ! À l’âge de neuf ans, il est fiancé à Börte, du puissant clan des Onggirats. Suivant la coutume, il part vivre avec sa belle-famille afin de gagner par son travail le prix de sa fiancée ! Il est encore enfant quand son père est empoissonné, il doit alors s’enfuir pour ne pas être capturé par les meurtriers de son père. Il va vivre caché et misérable jusqu’en 1181, année où il épouse sa promise ; ce qui lui permet de retrouver un statut social et le soutien du clan de sa belle-famille.

Yourtes !?
Sommet de la yourtes !

Comme le dit sa légende, il est un puissant guerrier, mais également un habile politicien, deux qualités qui vont lui permettre de réaliser son grand projet d’unification des tribus mongoles. À cette époque, les 40 tribus mongoles sont déchirées par des guerres internes et divisées face à leurs rivaux, Turcs et Tatars. Grâce à ses alliances, il va se faire nommer Khan « celui qui commande » par une assemblée politique et militaire de notables Mongols appelée Güriltaï. Fort de ce titre il va entreprendre une série de guerres et de conquêtes.

En 1202, celui qui s’appelle encore Temüjin est vainqueur des Tatars, ce qui lui permet de dominer la Mongolie. Et, en 1206, le Güriltaï le proclame « Empereur », en mongol Tchingis Khagan « Souverain océanique » ou « Souverain universel ». C’est à partir de cette date que Temüjin acquiert le titre de « Gengis Khan » !

Entre 1203 et 1215, Gengis Khan lance des campagnes victorieuses en Chine contre la dynastie Xia et la dynastie Jin. Il envahit la Mandchourie, mais reste bloqué deux années près de la Grande Muraille avant d’en sortir victorieux. Il prend Pékin en 1215, mais refuse mystérieusement d’entrer personnellement dans la ville !

Grande Muraille de Chine !
Grande Muraille de Chine !

Ces campagnes aboutissent à un accord de paix par lequel l’empereur vaincu se soumet aux Mongols et promet d’associer ses troupes à celles de Gengis Khan. Dans le même temps, diverses tribus se rallient à Gengis Khan comme les Ouïghours, dont l’alphabet inspirera celui des Mongols (alphabet encore en usage actuellement).

Samarcande !
Samarcande

Entre 1218 et 1221, l’empire mongol s’étend vers l’ouest de l’Asie Centrale jusqu’aux rives de l’Indus. Les hordes mongoles envahissent le royaume de Khwarezm, la Sogdiane et les villes historiques de Samarcande et Boukhara (actuellement Ouzbékistan, Tadjikistan et l’Afghanistan) puis l’Iran, où ils occupent les villes d’Ispahan et de Bagdad. C’est depuis l’Iran que Gengis Khan doit rentrer en Chine pour mater la révolte des Xia et des Jin, qui s’allient au peuple Tangut contre lui. Il va les vaincre et étendre son empire jusqu’au fleuve Jaune.

Gengis Khan meurt en 1227, les causes exactes de sa mort restent mystérieuses. Plusieurs hypothèses sont avancées, comme une banale chute de cheval lors d’une partie de chasse qui aurait terrassé le grand conquérant ou une blessure mortelle infligée par la veuve du souverain des Tanguts qu’il aurait forcé à devenir sa concubine !?

Karakorum !
Karakorum

Son corps est ramené en Mongolie. Afin que le lieu de sa dernière demeure reste secret, son escorte tue tous témoins du cortège ; escorte qui est ensuite à son tour exterminée. Ce lieu n’a d’ailleurs pas été encore découvert même si les archéologues pensent qu’il est probablement enterré dans les montagnes de Burkhan Khaldun. Son mausolée situé à Ordos n’est en fait qu’un cénotaphe, comportant quelques objets lui ayant appartenu. Selon le choix de Gengis, ce sera son troisième fils Ögödei qui va lui succéder et continuer son « œuvre » !!!

Comme héritage, outre son empire, il laisse un recueil de lois mongoles appelées Yassa (un code politique, juridique et moral teinté de traditions ancestrales). Il est aussi à l’origine de l’écriture mongole et il établit des lois en faveur des femmes, comme l’interdiction d’enlever des femmes…

En Occident le nom de Gengis Khan est souvent synonyme de terreur et de cruauté. Quand on voyage en Mongolie, on s’aperçoit qu’il y a une incompréhension des Mongoles sur notre perception de sa brutalité. Ils pensent que les documents historiques écrits par des non-Mongols sont injustement trop sévères envers leur héros, qu’ils exagèrent sa barbarie et ses massacres en minimisant son rôle positif.

La perception de Gengis Khan varie beaucoup selon les peuples et les pays. Les différents peuples Turkmènes (Kazakhs, Kirghiz) revendiquent son héritage. Plus étonnant, à l’arrivée au pouvoir du Parti communiste, la Chine a fait de Gengis Khan un héros national, dans le but de justifier la sinisation des Mongols de la province de Mongolie extérieure ! 

Cavaliers Kirghizes !
Cavaliers Kirghizes

En Mongolie, après le bannissement de son nom par le gouvernement communiste pro-soviétique qui craignait un regain de ferveur nationaliste, il est depuis les années 1990 redevenu le grand héros national. Il est à la fois le Père de la Nation, mais aussi le père des traditions (le mariage, l’écriture) et donc le protecteur et garant de l’identité Mongole. Les Mongols appellent souvent leur pays « la Mongolie de Gengis Khan », et Gengis Khan « le père des Mongols » ! Plusieurs lieux sont nommés en son honneur : de nombreuses rues, immeubles, parcs… le principal aéroport du pays à Oulan-Bator a été rebaptisé aéroport international Gengis Khan. Une immense statue le représentant a été érigée devant le parlement. On peut aussi voir son portrait sur des bouteilles de vodka ainsi que sur les billets de 500, 1 000, 5 000 et 10 000 tugriks.

 

Nous vous proposons d’aller vérifier tout cela sur place, de partir avec Planète Découverte sur les traces de Gengis Khan, de nous suivre en Mongolie, au Kirghizistan, en Chine.

Yourtes dans la steppe mongole!
Yourtes dans la steppe mongole!

Pour une découverte du fabuleux passé mongol de la Chine du Nord à la Sibérie orientale, de Pékin, l’ancienne Khanbalik dont Kubilai Khan (un des petits fils de Gengis Khan) fera sa capitale, à la légendaire cité de Karakorum fondée par Gengis Khan lui-même. Un voyage à travers les steppes mongoles et le désert de Gobi pour rejoindre la Taïga sibérienne qui entoure le fabuleux lac Baïkal.

Ou partir sur la route de la Soie pour effectuer un voyage fascinant du Kirghizistan (ou Kirghizstan) à la Chine ! Pour aller admirer des paysages à couper le souffle, rencontrer des groupes ethniques authentiques (Kirghizes, Ouigours, Tibétains, Huis…) découvrir de sites culturels aussi importants qu’impressionnants (Tash Rabat, les grottes bouddhiques de Mogao, l’armée enterrée à Xian, la Grande Muraille …).

Pierre

Sur les traces d’Alexandra David-Néel 
Moines lamaïstes au Tibet

Sur les traces d’Alexandra David-Néel 

Alexandra David-Néel de retour de Lhassa !
Alexandra David-Néel de retour de Lhassa !

Le plus grand explorateur du XXème siècle est une femme !

Véritable figure emblématique du voyage au début du XXème siècle, Alexandra David-Néel est avant tout une femme libre qui fût à la fois journaliste, actrice, cantatrice, écrivaine, féministe, photographe, anarchiste, exploratrice, orientaliste, tibétologue, franc-maçonne et bouddhiste convaincue…
50 ans après sa mort en 1969 à l’âge de 101 ans, elle continue de fasciner les êtres épris de voyages, d’aventures et de liberté par son esprit anticonformiste, par sa farouche indépendance et sa modernité. Elle va marquer son époque où très peu de femmes pouvaient s’échapper seules pour l’Orient et, pour toutes les générations suivantes, elle reste un modèle.

Alexandra David-Néel sur la route du Tibet interdit !
Alexandra David-Néel sur la route du Tibet interdit !

Ses nombreux voyages vont la mener de Ceylan (actuel Sri Lanka) au Sikkim, en passant par le Japon, l’Inde, la Chine, la Corée, la Mongolie et le Tibet… Grâce à ses nombreux ouvrages (récits de voyage, ouvrages érudits sur le bouddhisme et même un roman policier !) elle va influencer et faire rêver plusieurs générations de femmes et d’hommes. Elle va également participer à faire connaître le Tibet et le bouddhisme lamaïste tibétain en Occident. Mais elle est principalement reconnue pour être la première femme occidentale à entrer à Lhassa en 1924, la mystérieuse cité interdite du Tibet !

Louise Eugénie Alexandrine Marie David surnommée Nini, plus connue sous le nom d’Alexandra David-Néel est née à Saint-Mandé près de Paris en 1868 d’un père français ex-instituteur protestant devenu journaliste républicain et d’une mère belge catholique très pieuse. Très tôt sa soif de vagabondage se manifeste, elle fait sa première fugue à 15 ans pour s’enfuir en Hollande et tente de se rendre en Angleterre. Deux ans plus tard, elle récidive cette fois en direction de la Suisse et de l’Italie, en franchissant à pied le col du Saint-Gothard (marche qui préfigure les longs périples à venir ).

À partir de 1868, elle lutte pour la libération des femmes en collaborant au journal féministe autogéré « La Fronde ». Proche du géographe libertaire Elisée Reclus, elle développe progressivement des convictions anarchistes et rédige un essai intitulé « Pour la vie » si contestataire que personne ne veut le publier.
Elle fait une partie de ses études à Londres où, en quête de vérité, elle commence à s’intéresser aux philosophies orientales, elle y apprend le sanscrit et le tibétain. Lors d’un séjour à Paris, ce serait en visitant le musée Guimet que serait née sa vocation d’orientaliste ! A la société de théosophie de Paris, elle étudie l’Hindouisme, les Veda, le Bhagavad-Gitta (écrits fondamentaux de l’Hindouisme)…

Alexandra David-Néel à Tunis en cantatrice!
Alexandra David-Néel à Tunis en cantatrice

En 1891 l’appel de l’Orient l’emporte, elle va entreprendre son premier grand voyage vers l’Asie, d’abord l’île de Ceylan, puis elle gagne les Indes, Maduraï,  Bénarès… avant de rentrer sans un sou en France.

De retour, elle s’adonne de nouveau à son autre passion qui est l’art lyrique ! Elle obtient un prix de chant et elle débute alors une carrière de cantatrice. Pendant plusieurs années, elle va grâce à ce talent acquérir une indépendance financière. Elle va triompher en chantant à l’opéra d’Hanoï, de Paris, d’Athènes…  Son parcours hors du commun la mène à l’opéra de Tunis où elle rencontre son futur époux, Philippe Néel, un dandy fortuné. Ils se marient en 1904, avec l’approbation du père d’Alexandra selon les règles de l’époque.

En 1911 (elle a 43 ans), elle ne peut se résigner à sa vie de femme mariée et annonce à son mari son départ en Inde pour 18 mois afin de poursuivre ses recherches sur le Bouddhisme. Elle ne reviendra que 14 ans plus tard ! Plutôt que de divorcer, il l’incite à ce qu’elle reprenne ses voyages et ne cessera de la soutenir financièrement. Tous deux entretiendront une correspondance jusqu’à la mort de son mari en 1941, avec plus de 3000 lettres échangées.

« Je suis une sauvage mon bien cher, mets-toi cela en tête. Toute la civilisation occidentale me dégoûte. Je n’aime que ma tente, mes chevaux et le désert ». Journal de voyage (t. 1) : Lettres à son mari.

Pendant ses années de recherche et de méditation au Sikkim dans l’Himalaya Indien à plus de 4000 mètres d’altitude, elle va suivre les enseignements au monastère de Lachen de son maitre Bouddhiste, le Gomchen. Elle y obtient le titre de « lampe de sagesse ».

En 1912, elle part faire un pèlerinage à Calcutta avec dans ses bagages de nombreuses photos et plusieurs carnets de notes qui lui serviront plus tard à écrire son œuvre, de là elle continue vers Bénarès et le Népal.

Alexandra David-Néel accompagnée d’Aphur Yongden !
Alexandra David-Néel accompagnée d’Aphur Yongden !

En 1914, de retour au Sikkim dans « la demeure de la grande paix », elle engage un boy âgé de 14 ans nommé Aphur Yongden. Ce jeune serviteur tibétain, qu’elle va rapidement considérer comme son fils (qu’elle finira d’ailleurs par adopter), ne la quittera plus jamais !

Pendant ce séjour dans l’Himalaya Indien, elle réussira même à obtenir une audience avec le 13ème Dalaï-Lama (le prédécesseur de l’actuel Dalaï-Lama) à Kalimpong (Inde), fait exceptionnel pour une Occidentale à cette époque.

Cérémonie au monastère de Ganden au Tibet!
Cérémonie au monastère de Ganden au Tibet!

Sa détermination d’aller vers le « Tibet interdit » et sa mythique capitale Lhassa s’intensifie. C’est depuis longtemps son rêve le plus cher ! Et en 1923 (âgée de 56 ans) bravant l’interdit, elle part à pied vers le toit du monde avec Yongden. Ne pouvant pas atteindre le Tibet directement par l’Inde, car l’administration britannique lui interdit, elle prend des chemins détournés. Elle passe par la Corée, la Mongolie puis la Chine. Elle débute son périple himalayen depuis la région du Yunnan (une province chinoise) jusqu’à Lhassa (qui n’est pas encore une province chinoise !?). Une marche épique, éprouvante et terriblement dangereuse où elle risque à chaque instant au mieux l’expulsion au pire leurs vies !? Son stratagème se fondre dans un groupe de pèlerins bouddhistes en se faisant passer pour une mendiante. Elle vécut ainsi cette rude expérience en évitant les villages, en couchant à la belle étoile et en mendiant sa nourriture comme les pèlerins les plus pauvres du pays.

Potala, palais d'hiver du Dalaï-Lama à Lhassa!
Potala, palais d’hiver du Dalaï-Lama à Lhassa!

« Pendant des jours, nous marchions dans la demi-obscurité d’épaisses forêts vierges, puis, soudain, une éclaircie nous dévoilait des paysages tels qu’on n’en voit qu’en rêve. Pics aigus pointant haut dans le ciel, torrents glacés, cascades géantes dont les eaux congelées accrochaient des draperies scintillantes aux arêtes des rochers, tout un monde fantastique, d’une blancheur aveuglante, surgissait au-dessus de la ligne sombre tracée par les sapins géants. Nous regardions cet extraordinaire spectacle, muets, extasiés, prêts à croire que nous avions atteint les limites du monde des humains et nous trouvions au seuil de celui des génies. »

Enfin en février 1924, Alexandra David-Néel accompagnée d’Aphur Yongden pénètrent à Lhassa en proclamant la phrase rituelle  («  Lha gyalo, Dé Tamtché pham !… Les dieux triomphent, les démons sont vaincus ! « )! Aujourd’hui encore les pèlerins chantent ces mots lorsqu’ils franchissent un col dans les montagnes himalayennes.

Alexandra David-Néel & Aphur Yongden devant le Potala !
Alexandra David-Néel & Aphur Yongden devant le Potala !

Une marche de quatre mois à travers de hautes montagnes himalayennes, un périple clandestin d’environ 2 000 km, un exploit fantastique qui la rendit célèbre dans le monde entier. Ils vont rester 2 mois à Lhassa où ils visitent  la ville sainte, le Potala et les grands monastères bouddhistes lamaïstes environnants : Drépung, Séra, Ganden, Samye… sans y être démasqués, se risquant même à se faire photographier devant le Potala, pour apporter la preuve de leur exploit.

« Je quittai Lhassa aussi paisiblement que j’y étais arrivée sans que personne se fût douté qu’une étrangère y avait vécu au grand jour pendant deux mois ».

Elle finit par retourner en Inde où elle embarque le 6 février 1925 pour l’Europe afin, entre autres, de faire publier ses récits.

Voyage d’une Parisienne à Lhassa » qui parait en 1927 .
Voyage d’une Parisienne à Lhassa » qui parait en 1927 .

De retour en France toujours accompagnée d’Aphur Yongden son fidèle compagnon d’aventures qui va devenir légalement son fils adoptif, elle publie son récit le plus célèbre « Voyage d’une Parisienne à Lhassa » qui parait en 1927 en France et aux États-Unis. C’est un grand succès d’édition qui lui vaut tout de suite une grande célébrité internationale.

Riche et célèbre, en 1928 elle s’installe dans une maison à Digne-les-Bains dans les Alpes de Haute-Provence qu’elle baptise « Samten-Dzongou » (forteresse de la méditation). Elle y écrit plusieurs livres relatant ses différents voyages, entretient son jardin…

Pendant une dizaine d’années, elle continue ses recherches, donne des conférences en France, en Europe et aux États-Unis. Mais la vie d’aventure et l’Asie lui manque et, en 1937 avec son fils, elle repart en Chine en empruntant le Transsibérien. La Seconde Guerre mondiale éclate, elle restera en Chine avec Yongden pendant 9 ans.
En 1946, ils rentrent de nouveau à Digne, son « Himalaya pour lilliputiens » comme elle l’appelle ! Elle continue à écrire beaucoup, elle travaille 16 heures par jour malgré son âge. Lorsque des visiteurs viennent lui demander des conseils, ses réponses sont toujours, parait-il, empreintes de sagesse et d’autorité. Yongden meurt en 1955 et Alexandra se retrouve seule.

Alexandra Davis-Néel dans sa maison à Digne-les-Bains.
Alexandra Davis-Néel dans sa maison à Digne-les-Bains.

À la fin de ses jours, elle fut accompagnée par Marie-Madeleine Peyronnet qu’elle surnomme « la Tortue » qui va s’occuper d’elle et de sa maison pendant une dizaine d’années. Elles ont même comme projet d’effectuer un tour du monde en 4CV ensemble ! Elle va jusqu’à renouveler son passeport à l’âge de 100 ans !

Elle décède peu de temps après, en septembre 1969, à presque 101 ans. Ses cendres et celles de Yongden voguent désormais dans le Gange.

Moines Gelugpa (dit bonnets jaunes).
Moines Gelugpa (dit bonnets jaunes).

Cette voyageuse intrépide à l’esprit libre et doué d’un réel talent d’écriture laisse une œuvre qui ne cesse d’être rééditée. Elle a su transmettre sa passion de l’Orient dont elle fit connaître les coutumes et les religions à de nombreuses générations.

Planète Découverte vous propose d’aller sur les traces d’Alexandra David-Néel en Chine au Tibet et au Népal, et même si le Tibet n’est plus celui d’Alexandra et quelle que soit sa situation géopolitique, le Tibet demeure le Tibet, un pays toujours fabuleux !

Pierre

 

Les mystérieuses lignes de Nazca ! 

Géoglyphe dit du "Colibri" !
Géoglyphe dit du « Colibri »

Les mystérieuses lignes de Nazca

Les géoglyphes de Nazca ou lignes de Nazca sont un des plus grands mystères archéologiques au monde! Elles sont le plus exceptionnel exemple de géoglyphes qui soit sur terre, incomparable par leur étendue, leur ampleur, leur quantité, leur diversité, leur nature et leur taille !

L’énigmatique « astronaute » à tête d’oiseau ?
L’énigmatique « astronaute » à tête d’oiseau ?

Ce sont de gigantesques figures tracées sur le sol de la « Pampa Colorada » dans le désert de Nazca au Sud du Pérou, à 400 kms au Sud de Lima. Pendant plus de 1 000 ans sans interruption, les anciens habitants de la région ont dessiné sur le sol aride une grande variété de figures sur une superficie de 500 km². Les archéologues dénombrent actuellement 800 lignes, 300 figures géométriques plus ou moins complexes (en spirales, ellipses, trapèzes, triangles…) dont certaines font plus d’un kilomètre de long ; 70 dessins d’animaux stylisés (singe, colibri, condor, jaguar, araignée, orque, héron, pélican…) ; des êtres fantastiques (comme l’énigmatique « astronaute » à tête d’oiseau) et des représentations de plantes biomorphes de 5 à 230 mètres de long.

Le singe !
Le singe

Et on découvre encore de nouvelles figures ! Par exemple celles mises à jour à la suite d’une tempête de sable et observées par le pilote et archéologue Eduardo Herrán Gómez de la Torre en août 2014. Lors d’un vol, il aperçut avec stupéfaction les figures d’un serpent, d’un camélidé et d’un oiseau jamais recensés ! Également, en avril 2018, furent détectés grâce à des drones et des données satellitaires 50 nouveaux géoglyphes, dont les lignes étaient trop fines pour être vues à l’œil nu…

Oiseau et calendrier astronomique !?
Oiseau et calendrier astronomique

Un des mystères de ces géoglyphes c’est que ces figures sont invisibles depuis le sol, on n’y distingue que des lignes ! Ainsi, quand le conquistador Pedro Cieza de León se rend dans cette région en 1553, il fait mention dans son livre « chronique du Pérou » uniquement de traces de pistes ! L’archéologue Toribio Mejia Xesspe, qui explorait la zone en 1927 à la recherche des civilisations pré-incas, fut le premier à faire état de l’observation de ces lignes dans une revue scientifique, mais son histoire n’eut aucun succès et elle tomba rapidement dans l’oubli ! Il faut attendre 1939 pour qu’un scientifique américain Paul Kosok, qui travaillait sur les réseaux d’aqueducs des environs, les observe depuis un avion et qu’il effectue des clichés de ces fameuses lignes. Il en déduit d’abord que ces lignes font partie d’un système d’irrigation, puis émet l’hypothèse d’un calendrier astronomique géant…

Entrée sur le site des lignes de Nasca ...
Entrée sur le site des lignes de Nasca …

Dès lors, ces géoglyphes vont fasciner de nombreux archéologues et savants du monde entier. La plus célèbre et la plus extraordinaire est Maria Reiche, une mathématicienne Allemande qui consacra une grande partie de sa vie (45 années) à l’étude de ces lignes du désert de Nazca. Née à Dresde en 1903, elle se rend au Pérou en 1932 pour faire l’éducation du fils du consul allemand à Cuzco. Fascinée par ce pays, elle décide d’y rester. A Lima, elle fait la rencontre de l’archéologue américain Paul Kosok, dont elle devient l’assistante dans ses recherches sur les lignes de Nazca. En 1948, quand Kosok repart aux États-Unis, elle reste seule et continue les recherches.  Elle vit dans une petite cabane en bois dans le désert, au milieu des lignes. A sa mort, cette petite cabane devient un petit musée qui permet de rentrer dans son univers, avec des photos, ses croquis, ses notes… Elle publie en 1949 « Le Mystère dans le Désert » où elle explique sa théorie : selon elle, ces lignes représentent un calendrier astrologique (qui pointe dans la direction de plusieurs constellations) utilisé pour l’agriculture. En effet, certaines lignes montrent la position exacte du soleil levant et couchant pendant les solstices d’hiver et d’été… Nazca lui doit la préservation du site, sa renommée, ainsi que sa préservation et sa nomination au Patrimoine Mondiale de l’Humanité.

Maria Reiche.
Maria Reiche.

D’autres théories plus ou moins pertinentes :
Le documentariste Tony Morrison pensa que les lignes étaient conçues pour relier des Huacas (sites de cérémonies). Jim Woodman avança l’idée que les Nazcas connaissaient la montgolfière, leur permettant d’observer les lignes. Selon Georges Von Breunig, les lignes seraient de gigantesques pistes de course à pied. Henri Stierlin voit dans ces mystérieux tracés une fonction précise : la création de vastes tissus funéraires de dimensions extraordinaires qui servaient d’enveloppe aux défunts dans leur Voyage vers l’au-delà.

D’autres avancent que les lignes auraient été destinées à être vues par les dieux depuis le ciel. Comme l’anthropologue Johann Reinhard qui émet l’hypothèse qu’elles correspondent au culte de l’eau et de la fertilité (divinités qui étaient forcément très importantes dans une région aride) les lignes auraient été des chemins sacrés pour les invoquer.

Piste d'atterrissage pour ET !
Piste d’atterrissage pour ET !

Sans oublier, bien sûr, la fameuse théorie « populaire » des pistes d’atterrissage pour engins spatiaux extraterrestres !!!

Ce que l’on sait :
D’abord, l’authenticité des lignes et géoglyphes de Nazca est indiscutable, la communauté scientifique est d’accord sur ce point. Les lignes de Nazca auraient été créées par les peuples des civilisations de Paracas puis de Nazca, des civilisations pré-incaïques, sur une période allant de 500 av. J.-C. à l’an 500 apr. J.-C.

Concernant le mode de fabrication, la plupart des scientifiques s’accordent à dire qu’il reposait sur des méthodes géométriques comme le quadrillage. Une technique qui consiste à mettre des repères au sol afin de reproduire les figures désirées à grande échelle.

L'araignée !
L’araignée !

Quant à la réalisation des dessins, les Nazcas retiraient les pierres noircies par le soleil et les disposaient en tas de part et d’autre des lignes de manière à laisser apparaître le sol en dessous plus clair, riche en gypse. Le climat aride (Nazca est un des endroits les plus secs de la planète, il pleut environ ½ heure par an !) a par la suite permis de conserver ces motifs en parfait état au fil des siècles.

Dans tous les cas, quand les Paracas puis les Nazcas firent de leur désert une gigantesque œuvre d’art, ils ne pensaient pas qu’ils étaient en train de créer un des plus fabuleux débats archéologiques des temps modernes ! Débat qui n’a pas fini de fasciner les scientifiques, les mystiques et tous les voyageurs qui ont la chance de se rendre à Nazca.

Planète Découverte vous propose de vous faire découvrir ces fantastiques lignes de Nazca l’une des zones archéologiques les plus impressionnantes au monde et un exemple extraordinaire de l’univers magico-religieux traditionnel dans un magnifique et authentique voyage au Pérou.

Pierre

 

A la découverte de la DMZ
zone coréenne démilitarisée ou DMZ
zone coréenne démilitarisée ou DMZ

Sur la DMZ

 

Partir à la découverte de la zone coréenne démilitarisée (qui est paradoxalement la plus militarisée au monde !!!) entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, en abrégée DMZ (한반도 비무장 지대 en coréen) est à la fois une expérience insolite et une rencontre avec l’Histoire coréenne.

Récit d’une excursion hors du commun !

Observatoire Dora
Observatoire Dora

Nous partîmes donc de Séoul vers 7h30 en minibus en direction de la Corée du Nord ! Il faut environ 3/4 heure de route pour se rendre au village de P’anmunjŏm qui est situé à l’intérieur de la zone démilitarisée, à 56 km au Nord-Ouest de Séoul (à 140 km de Pyongyang). Pour se rendre dans ce secteur à accès restreint surveillé par la police militaire, il faut passer un check point, présenter son passeport, car la zone est ultra-sensible.

C’est ici que, suite à la guerre de Corée (25 Juin 1950 – 27 Juillet 1953), fut signé l’armistice dit de P’anmunjŏm le 23 juillet 1953. Après un accord entre la Corée du Nord, la Chine et les Nations Unies, fut décidé la création d’une zone tampon (DMZ) suivant approximativement le 38e parallèle Nord, avec pour conséquence de couper la péninsule coréenne en deux.

Cette zone forme une bande de terre qui est aujourd’hui un des derniers vestiges de la guerre froide, elle sépare deux pays frères officiellement toujours en guerre. Elle est surveillée par 700 000 soldats nord-coréens et 410 000 soldats sud-coréens aidés par la 2e division d’infanterie des États-Unis (avec qui la Corée du Sud a signé un pacte de sécurité). Il s’agit d’une zone minée, car il y aurait selon les estimations de l’ONU plus d’1 million de mines. Elle est également truffée de souterrains, de batteries de canons, de kilomètres de barbelés, d’antennes et de miradors.

Imjingak
Imjingak

Nous poursuivons la visite par le bâtiment de l’Imjingak qui est situé à 7km de la Ligne de Démarcation militaire.  Ce bâtiment construit en 1972 est un point de passage incontournable pour les visiteurs étrangers et sud-coréens qui s’intéressent pour différentes raisons à la situation entre les 2 pays ;  certains sont juste curieux ou amateurs d’Histoire, d’autres ont des parents ou amis de l’autre côté du mur végétal. Le bâtiment est entouré de monuments : un parc de la réunification, un centre dédié à la Corée du Nord avec photos et documents, et inévitablement des tanks et autres engins de guerre ayant servi lors de la guerre de Corée !

Nous continuons vers le Sud de la « Zone Commune de Sécurité » (JSA) pour explorer un tunnel « d’agression » (comme l’appellent les citoyens du Sud). Entre 1974 et 1990, les militaires sud-coréens découvrirent l’existence de quatre tunnels creusés sous la frontière par les Nord-coréens. Il pourrait y avoir jusqu’à une vingtaine de tunnels selon certains experts militaires ! Celui-ci, appelé le 3e, fut découvert en 1974 par l’armée sud-coréenne à partir de renseignements fournis par un transfuge Nord-coréen. Il semble avoir été creusé par le Nord en vue d’une attaque militaire. Il est assez étrange, voire quelque peu surréaliste, d’avancer dans ce tunnel sombre et étroit (il est assez large pour permettre le passage de deux personnes). Condamné peu avant la frontière nord-coréenne, il permet tout de même aux visiteurs de se retrouver sous la DMZ !

Coréens du Sud face à la Corée du Nord
Coréens du Sud face à la Corée du Nord

Après nous passons à la découverte en surface de la DMZ… Pour se faire, on se rend à la plateforme d’observation d’Eulji. Située très près de la « Ligne de Démarcation Militaire », elle surplombe cette « ligne » et permet d’apercevoir au loin la Corée du Nord, avec des maisons, une petite ville, le drapeau nord-coréen … et quand le ciel est dégagé il est même possible de voir le mont Birobong et les montagnes du diamant de Geumgangsan. Nous sommes là entourés de touristes venus de différents pays qui regardent vers le Nord et sont pour la plupart étonnés par le spectacle qui s’offre à eux, mais les plus émouvants sont les « touristes » Coréens du Sud qui viennent observer leurs « parentés » du Nord avec nostalgie et espoir!

Nous avons devant nous cet espace qui mesure 248 km de long et environ 4 km de large, couvert d’une épaisse forêt surveillée de part et d’autre de postes militaires, de miradors… Malgré les mines, ce no man’s land où la nature a repris ses droits est devenu un sanctuaire pour la conservation de plusieurs espèces animales ! Des associations de défense des animaux voudraient que cet espace soit inscrit comme zone protégée au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Certains voudraient aussi introduire des tigres pour sauver l’espèce de l’extinction; la zone étant clôturée et surveillée par des militaires, les tigres ne pourraient pas sortir de la zone. D’autres pensent que des tigres sont déjà présents dans la zone, ainsi que des léopards de l’Amour (comme le fleuve russe !), de nombreuses panthères des neiges et autres espèces en voie d’extinction ! Les écologistes ont identifié quelque 2 900 espèces végétales, 70 types de mammifères et 320 espèces d’oiseaux. Des oiseaux migrateurs viennent même y séjourner en hiver (des milliers de hérons, de grues blanches…).

Entre les 2 Corée une vie animale !
Entre les 2 Corée une vie animale !

Mais les mines posent problème ! Les nombreux félins sont souvent tués par les mines, ainsi que d’autres animaux présents dans la DMZ comme des lapins, des cerfs ou des sangliers. Étonnamment les accidents diminuent ces dernières années, les spécialistes de la faune pensent que les animaux sont conscients des zones de danger, et qu’ils ont établi leurs propres zones de vie !

Joint Security Area
Joint Security Area

Si la faune et la flore ont repris leur droit, la circulation des humains dans la zone est extrêmement restreinte et rare. Plusieurs s’y étant aventurés y ont trouvé la mort. Le seul point officiel de passage existant est la « Joint Security Area » (JSA), placé sous contrôle de l’ONU. C’est à cet endroit précis que ce sont rencontrés le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en avril et mai 2018 et qu’ils ont publié une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à améliorer leurs relations…

Gare de Dorasan
Gare de Dorasan

Nous poursuivons la visite vers la gare ferroviaire de Dorasan. Elle est située sur la ligne Gyeongui qui relie Séoul à Dorasan et peut-être un jour Pyongyang… Le 17 mai 2007, deux convois ferroviaires (l’un parti du Nord et l’autre du Sud) ont franchi pour la première fois depuis 56 ans la zone coréenne démilitarisée. Il existe actuellement un service de passagers qui permet de se rendre à Séoul deux fois par jour, elle est empruntée principalement dans un but touristique, mais sert aussi  pour le transport de matières premières en direction de la « zone industrielle spéciale de Kaesong » (du côté nord-coréen), et de produits finis (en direction de Séoul). L’aménagement de cette zone industrielle de Kaesŏng (Kaesong Industrial Region) dans la province de Hwanghae du Nord en 2002 est vu comme un signe d’ouverture. C’est un parc industriel intercoréen de 66 km2 situé en Corée du Nord, symbole d’une collaboration économique entre les deux Corée. C’est ainsi que 123 entreprises sud-coréennes emploient 50 000 Nord-Coréens et, chaque jour, 400 Sud-Coréens franchissent la frontière pour se rendre à leur travail.

Départ pour Pyongyang...
Départ pour Pyongyang…

Cette gare de Dorasan qui n’a actuellement qu’une fonction touristique a quelque chose d’émouvant, elle est porteuse d’espoir pour la réunification des Corée. Elle est là rutilante, quasiment vide, mais prête à l’emploi pour amener des passagers du Nord au Sud et du Sud au Nord, de Séoul à Pyonyang pour continuer vers la Chine, la Russie et se rattacher au Transsibérien à la Sibérie et à l’Europe ! Il est même possible là d’avoir un tampon, de discuter avec le douanier ou même d’admirer des œuvres intégrées dans la gare…

Tampons de la gare Dorasan !
Tampons de la gare Dorasan

La  visite de cette Zone Démilitarisée (DMZ) suscite de la curiosité qui se mêle à une certaine appréhension d’une mise en scène qui aurait pu être trop artificielle pour satisfaire les touristes. Mais il faut vite convenir que cette excursion très instructive est des plus émouvantes surtout avec la présence de ces visiteurs coréens. C’est le lieu de tous les paradoxes où se mélange un côté touristique avec ses ventes de tee-shirt et autres souvenirs divers, à une présence militaire des plus importantes au monde, c’est à la fois un symbole de guerre fratricide et d’espoir de paix !

Planète Découverte vous emmène dans ce lieu incontournable de la Corée.

Pierre