Circuit îles du sud du Japon: embarquement Yakushima
Récit d’un accompagnateur Planète Découverte, lors d’un Circuit îles du sud du Japon: embarquement Yakushima: Longitude : N 30° 19 ’ 60’’ Latitude : E 130° 31’ 60’’
Depuis le port de Kagoshima, à l’extrême sud de l’île la plus au sud (kyushu) des 4 principales îles de l’archipel nippon (!), nous avons embarqué sur un ferry qui a dû connaitre de nombreuses traversées en mer et des temps plus glorieux ! Ce gros ferry se nomme « Yakushima 2 », il effectue tous les jours la traversée de Kagoshima à Miyanoura le port principal de Yakushima (sauf demain, jour où nous comptions justement le prendre pour rentrer de notre excursion !).
Dans un bruit de sirène et d’haussières que l’on remonte, le « navire » quitte son amarrage et commence sa sortie du port. Depuis le pont du ferry, le spectacle est grandiose, sur bâbord se dresse le volcan Sakurajimaqui « crache » presque tous les jours de la cendre sur la ville de Kagoshima. Les habitants de la « Naples japonaise » ramassent, balaient, nettoient quotidiennement les cendres de leur volcan, ils vivent en quelque sorte en harmonie avec lui ! Il n’est donc pas rare d’assister en direct à une fantastique éruption volcanique, car il est un des volcans les plus actifs au monde, mais aussi un des plus surveillés et un des mieux étudiés.
Ce matin, il fait très beau et, en longeant la baie de Kagoshima entre la péninsule de Satsuma et celle d’Osumi, nous découvrons un paysage fantastique, d’îles, d’îlots et de volcans qui émergent de l’eau çà et là. Après environ 2 h de descente de la baie et après avoir croisé le Cap Sata, on se retrouve dans l’Océan Pacifique.
Nous naviguons encore 1 h avant d’apercevoir au loin les monts de Yakushima. Petit à petit, on découvre les contours de ses paysages montagneux, on aperçoit au centre de l’île les monts Miyanoura-dake (1935m) et Nagata-dake (1886 m) qui sont les deux plus hauts sommets du sud du Japon, ils sont entourés par des monts avoisinant les 1800 m d’altitude que l’on devine entourés de leur ceinture de nuages. Après presque 4 h en mer, on débarque au petit port de Miyanoura, la « capitale » de Yakushima qui doit compter quelques centaines d’habitants.
Première chose, aller déposer nos sacs dans notre pension le « Minshuku Yawakawa », où nous passerons la nuit de façon traditionnelle, sur tatami et futon. Puis nous partons à la découverte de l’île. Yakushima est une île de forme circulaire, d’une circonférence de 135 km, et d’une superficie d’environ 505 km². Recouverte en grande partie d’une forêt primaire, l’île de Yaskushima fut le premier site japonais inscrit au Patrimoine mondial de la nature.Ses reliefs très montagneux font passer brusquement d’une zone subtropicale à une zone subarctique, comme si toutes les variations du climat japonais s’y trouvaient condensées! Grâce à un bus local, nous allons faire la quasi-totalité du tour de l’île. Le spectacle est magnifique, d’un côté les hautes montagnes couvertes de forêts denses où tous les tons de verts sont présents, des plus clairs au plus foncés et de l’autre la côte de l’océan Pacifique avec ses baies, ses plages de sable où de grandes rivières descendent des montagnes pour se jeter dans la mer. Tout au long de la route, le chauffeur avec sa casquette, ses gants blancs et son micro, s’évertue à nous expliquer des choses sûrement très intéressantes, mais auxquelles nous ne comprenons pas grand-chose, pour ne pas dire rien, et cela tout le long de la route soit pendant 1h30 non-stop! Il s’arrête de temps en temps pour prendre des écoliers en uniforme qui rentrent de l’école et des « Yakushimites », qui sont allés faire des courses dans un des villages côtiers. Le bus fait quelques arrêts pour les « onsen », des sources chaudes naturelles où l’on peut prendre un bain, ils se trouvent en bordure de mer sur cette île, certaines plages sont également des lieux de ponte de tortues « Caouanne ». On peut aussi s’arrêter pour se baigner dans l’océan, aller voir les coraux et observer des dauphins.
Arrivés au bout de la route praticable par le bus, on descend pour rejoindre le but final de notre périple, les chutes d’« Okho no Taki » (littéralement : « les grandes chutes »). Selon l’office du tourisme : « ces chutes de 88 m de hauteur sont les plus importantes de l’île, elles sont considérées comme faisant partie des cents plus belles du Japon et le bassin d’eau claire, située juste au pied des chutes et lui aussi classé parmi les cent plus beaux monuments d’eau du Japon ». Curieux classement! Après 15 minutes de marche dans la forêt, nous allons nous rendre compte par nous-mêmes si ce classement est fondé. On découvre en effet une superbe cascade avec son voile blanc et son bassin où, s’il faisait plus chaud, il serait vraiment agréable de se baigner! Nous restons en admiration devant ce spectacle superbe (en faisant, en bon touriste, quelques photos pour immortaliser l’instant).
Puis vient le moment de retrouver notre bus qui retourne en sens inverse vers Miyanoura, avec le même chauffeur qui continuera imperturbable à nous raconter plein de choses captivantes! Les soirées sont calmes à Miyanoura, on est bien loin de l’effervescence de Tokyo ou d’Osaka, pourtant on trouve facilement de petits restaurants où l’on a mangé des pâtes aux algues succulentes. Ainsi qu’un petit bar (qui ouvre à 20 h) au décor de style « Amérique des années 60, 70 » (Marilyn Monroe, photos de G.I., maquette de voiture américaine dont celle de Starsky et Hutch, etc.) où l’on peut écouter de la musique rock et country en buvant une bière. On ira prendre le petit déjeuner ici même le lendemain matin, le patron qui fait des petits déjeuners à partir de 10 h du matin (!?), accepte d’ouvrir son restaurant ½ h avant pour nous. Après une nuit calme sur nos futons et un « American breakfast », nous partons dans un autre bus local (avec un chauffeur nettement moins bavard!) pour les montagnes et les forêts de Yakushima. Là encore le spectacle est grandiose, à travers cette route sinueuse et tortueuse qui compte parfois qu’une seule voie, où le bus grimpe difficilement, mais sûrement. Nous finissons par arriver au parc naturel de « Shiratani Unsukyo » (littéralement « gorge d’eau et de nuage »), il est situé à plus de 800 m d’altitude au cœur de cette grandiose forêt primaire.
C’est un lieu idéal pour faire des balades et des randonnées. Plusieurs parcours de durée différente sont proposés : de 1 heure à 4 heures, voir même de plus de 10 heures. Nous optons pour celui de 3 heures. La forêt dense de ce parc naturel est traversée par de nombreux cours d’eau, dont la rivière Shiritani bordée d’azalées, de cerisiers et de rochers géants encastrés les uns aux autres, mais on vient ici avant tout pour y admirer les imposants cèdres millénaires appelés Yakusugi 屋久杉(les stars de l’île), plus exactement une variété de sugi (杉 cryptomeria japonica ou cèdre japonais) dont le plus connu est le « Jomon Sugi » (縄文杉) en raison de son âge estimé à 7 000 ans (selon la légende), 2 600 ans selon l’estimation scientifique : il daterait donc de la période Jomon (petite leçon d’Histoire japonaise! cette période préhistorique remonte à l’origine de la civilisation japonaise, 10000 à 400ans av J.C. c’est pendant cette période que pour la première fois la poterie fut utilisée). Ainsi plusieurs de ces cèdres auraient atteint l’âge respectable de quelques milliers d’années, comme le yayoi-sugi (re-rappel historique : l’époque Yayoi se situe du Vème siècle av J.C. au IIIe ap J.C. période du développement de l’agriculture au Japon).
On y trouve aussi 1 900 espèces et sous-espèces végétales, dont une cinquantaine de sortes de fleurs particulières à l’île ainsi que plusieurs centaines de mousses rares, dont certaines recouvrent entièrement des arbres et même des parties entières de forêt; ainsi que le curieux « himeshara », un arbre de couleur orangée, dont la sève est froide ! D’ailleurs en été lorsqu’il fait chaud, il est conseillé par les guides à l’entrée du parc de serrer l’arbre dans ses bras pour se rafraichir, au risque de paraitre bizarre, voir un peu ridicule aux yeux des gens qui ne connaissent pas cette coutume ! Le spectacle qu’offre cette forêt avec ses arbres gigantesques est assez fabuleux, elle crée une atmosphère très mystérieuse, on a l’impression de pénétrer dans un monde étrange ! Cette forêt a d’ailleurs inspiré le magnifique film d’animation japonais « Princesse Mononoké, la Princesse des esprits vengeurs », réalisé par le maitre de l’animation mondiale Hayao Miyazaki. À sa sortie en 1997, ce film fut salué par la critique au Japon et dans le monde entier, il fut également un grand succès commercial que je vous conseille de voir si ce n’est déjà fait. On peut aussi y croiser des animaux comme des singes « Yakuzaru » (des macaques japonais) et des « Yakushika » (cerfs Sika), des animaux nullement craintifs, attention à la nourriture qui dépasse des sacs !
Plus sauvage et plus difficile à voir on trouve aussi des « Tanuki » sorte de chien viverins, qui ressemblent à un raton-laveur; très présents dans la mythologie japonaise, ils sont l’un des « Yokai » (esprit de la forêt). Les Japonais leur attribuent des pouvoirs magiques, comme ayant la possibilité de changer de forme à volonté. Ils sont souvent représentés portant un chapeau de paille et une gourde de saké, avec un ventre rebondi qu’ils utilisent comme un tambour et des testicules de grande taille. Ils sont aussi symbole de chance et de prospérité, on le trouve dans l’art populaire et les contes japonais depuis le Moyen Âge et de nombreux dessins et légendes humoristiques leur sont dédiés.
Mais l’heure est venue de sortir de cette forêt magique et de redescendre au port, car nous devons reprendre la mer et quitter cette île étonnante. Pour cela nous devons prendre un « Jetfoil », surnommé « the rocket»(le ferry ne partait pas aujourd’hui, voir le suspens indiqué dans l’introduction de cette petite histoire !!! Ce fût la solution trouvée à la défection du ferry). Ce Jetfoil est une sorte de bateau sur des spatules, rapide, mais, comme il fait des escales dans des îles, au final on met quasiment le même temps qu’avec le ferry. Aujourd’hui l’océan est houleux et nous devrons passer le trajet assis avec la ceinture de sécurité bouclée sous l’œil vigilant de l’hôtesse.
Nous sommes donc retournés avec cet engin bizarre sur la grande île de Kyushu, pour continuer notre voyage vers d’autres îles du sud et d’autres aventures.
Je ne serais que trop vous conseiller d’embarquer avec nous vers Yakushima, dans notre circuit accompagné (en petit groupe) : «Grande découverte du Japon et ses îles du sud».
Pierre